“Humanity Beyond Color”
This project, “Humanity Beyond Color” on social prejudice, was suggested and encouraged by Dean Lucinda Laird in support of Black Lives Matter in June 2020.
The Black Lives Matter movement expanded rapidly after George Floyd’s assassination by a police officer whose racism led him to the extreme in May 2020: therefore I read books on antiracism to better understand the evils of racism.
First, “Race et Histoire” by French anthropologist Claude Lévi-Strauss, published in 1952, in which he championed the existence of human cultures rather than human races – and I totally agree with his thesis.
Second, the 2020 New York Times best-seller “How to be an antiracist” by Ibram X. Kendi who explains his progression, as an African-American intellectual, from being “racist” to “not racist” to “antiracist”.
Third, “Self-portrait in black and white: unlearning race” by Thomas Chatterton Williams, a mixed-race Brooklyn writer now living in France, who, in 2019, claimed “the perspective of a truly post-racial society” and underlined that “race is but a social construction”.
We should note that this idea is more revolutionary in the USA where censuses require Americans to write down their “race”. Whereas in France, this notion of not taking into account skin color is generally more admitted: as evidence, our French deputies voted unanimously at l’Assemblée Nationale to delete the word “race” from the French Constitution in July 2018.
Hence my title “Humanity Beyond Color”.
American professor and writer Greg Garrett (who is Canon Theologian of the American Cathedral) invited me “to point my camera at people directly affected by racism and prejudice to make them more visible”, and thus denounce, as I could, racism.
Being both a French and a Swiss citizen, with parents who were globetrotters in the 1980s (which means that I benefited from a very liberal and open-minded education), I started my photographic work in Madagascar with Malagasy-French-Chinese photographer Pierrot Men from 2000 to 2002.
Ironically, my film – and not digital – photos are in black and white as always. Yet this binary vision allows me possibilities of gray. To quote famous French photographer Henri Cartier-Bresson, black and white “transposes, is an abstraction”; it aims at universalism with which I make emotion burst out.
With his cult photo book “The Americans” published in 1958, Robert Frank, an American photographer with Swiss origins, also wrote: “Black and white are the colors of photography. For me, they symbolize hope and despair humanity is forever subjected to”. Nevertheless, I personally don’t see black as despair but rather as the shadow that protects, and for me white doesn’t symbolize hope but the sun that burns.
My photos aim at seeing street artists from all walks of life, with humanity. They were taken in Paris between two lockdowns in 2020. The first photo “Post-racial society” (we could even say “Post-racial utopia”) was shot in London in 2011 to show my long progression towards universalism. My very first exhibition presented portraits of Malagasy people in Madagascar in 2002.
Also, the photo “Boxer Assane” enabled me to have a thorough conversation with him: being French with Senegalese origins, he explained to me how he experienced, and still experiences, racism and when I showed him my photos, he found them “very respectful”. He also disagrees with the question why “a white cannot photograph a black?” (article in Le Monde on 25 September 2020): he believes “it would prevent my viewers from seeing beautiful photos”.
I must admit that I never personally suffered from racism...but I did from discrimination, being first a woman and second due to various aspects of my personality. Also, my dearbrother Emmanuel being mentally disabled (like Down’s syndrome people) has suffered a lot from rejection: both he and I continually fight against any form of discrimination (including racism). Moreover, I am very politically committed to fight those evils.
Finally, my last photo “James Cone’s Rainbow society” – my little “gem” I hope! – shows a wonderful vivre-ensemble under l’Arche de la Défense, with masks on faces during the pandemic. African-American theologian James Cone’s “Rainbow society” expressed his dream of racially diverse societies.
At every exhibition (this is my 35th in 20 years), I like to recall the Greek etymology of “photography”: writing with the light. My photography is a writing that lets the humanity at the heart of people come to light – a humanity that I see beyond color.
Last but not least, because “Humanity Beyond Color” is to travel to our Episcopal churches in Paris and maybe Florence, Italy, we may quote prophet Amos (5:24) in the Old Testament: “Let justice roll down like waters, and righteousness like an ever-flowing stream”.
Sabine Jaccard
Photographer
“L'humanité au delà de la couleur”
Ce projet, « L’humanité au-delà de la couleur » sur les préjugés sociaux, a été suggéré et encouragé par la Doyenne de la Cathédrale Américaine de Paris, Lucinda Laird, en juin 2020 en soutien aux Black Lives Matter (La vie des Noirs compte).
Le mouvement des Black Lives Matter s’est développé rapidement après l’assassinat de George Floyd par un officier de police poussé à l’extrême par son racisme en mai 2020 : aussi ai-je lu des livres sur l’antiracisme pour mieux comprendre ce mal qu’est le racisme.
Premièrement, « Race et Histoire » de l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, publié en 1952, dans lequel il défend l’existence de cultures humaines au lieu de races humaines, thèse à laquelle j’adhère totalement.
Deuxièmement, le best-seller du New York Times en 2020 « Comment être antiraciste » de Ibram X. Kendi qui explique sa progression, en tant qu’intellectuel Afro-Américain, de « raciste » à « non raciste » à « antiraciste ».
Troisièmement, « Autoportrait en noir et blanc : désapprendre la race » de Thomas Chatterton Williams, d’un écrivain métis de Brooklyn vivant à présent en France, qui, en 2019, clamait « la perspective d’une société véritablement post-raciale » et soulignait que « la race n’est qu’une construction sociale ».
Nous pouvons noter que cette idée est plus révolutionnaire aux Etats-Unis où les Américains doivent écrire leur « race » à chaque recensement. Tandis qu’en France, cette notion qui consiste à ne pas considérer la couleur de peau est plus généralement admise : pour preuve, nos députés français ont voté à l’unanimité à l’Assemblée Nationale pour effacer le
mot « race » de la Constitution française en juillet 2018.
D’où mon titre « L’humanité au-delà de la couleur ».
Le professeur et écrivain américain Greg Garrett (théologien en résidence à la Cathédrale Américaine) m'avait invitée à "pointer mon appareil photo sur ces personnes directement affectées par le racisme et les préjugés pour les rendre plus visibles" et ainsi dénoncer, du mieux que je pouvais, le racisme.
Française et Suisse, avec des parents globe-trotters dans les années 1980 (ce qui signifie que j’ai bénéficié d’une éducation très libérale et ouverte d’esprit), c’est à Madagascar que j'ai commencé mon travail photographique de 2000 à 2002 avec le célèbre photographe franco-sino-malgache Pierrot Men.
De façon ironique, mes photos sont en noir et blanc argentique (et pas numérique) comme toujours. Pourtant cette vision binaire me permet mille possibilités de gris. Pour citer le célèbre photographe français Henri Cartier-Bresson, le noir et blanc « transpose, c’est une abstraction » ; il vise à l’universalisme d’où jaillit l’émotion.
Avec son livre de photos culte « Les Américains » publié en 1958, Robert Frank, un photographe américain d’origine suisse, écrit aussi : « Le noir et blanc sont les couleurs de la photographie. Pour moi, ils symbolisent l’espoir et le désespoir dont l’humanité est à jamais soumise ». Toutefois, je ne vois pas personnellement le noir comme symbole du désespoir mais plutôt comme l’ombre qui protège, et pour moi le blanc ne symbolise pas l’espoir mais le soleil qui brûle.
Mes photos cherchent à regarder des artistes de rue venus de tous horizons, avec humanité. Elles ont été prises à Paris en 2020 entre deux confinements. La première photo "Société post-raciale" (nous pourrions même dire « Utopie post-raciale ») fut prise à Londres en 2011 pour montrer ma longue progression vers l’universalisme. Ma toute première exposition présentait des portraits de Malgaches à Madagascar en 2002.
De même, la photo « Boxeur Assane » m’a permis de longuement converser avec lui : Français d’origine sénégalaise, il m’a expliqué comment il a fait – et il fait toujours -l’expérience du racisme ; et quand je lui ai montré mes photos, il les a trouvées « très respectueuses ». Il réfute la question selon laquelle « un blanc ne peut pas photographier un noir ? » (article du Monde du 25 septembre 2020) : il pense que « cela empêcherait mes spectateurs de voir de belles photos ».
Je dois admettre n’avoir jamais souffert personnellement du racisme …mais de discrimination, si, étant une femme et aussi en raison de différents aspects de ma personnalité. De plus, mon cher frère Emmanuel étant handicapé mental a beaucoup souffert de rejet : lui et moi, nous nous battons continuellement contre toute forme de discrimination (y compris le racisme). En outre, je suis très engagée politiquement pour combattre ces maux.
Enfin, ma dernière photo "La Société arc-en-ciel" – mon petit « bijou » j’ose espérer ! – montre un merveilleux vivre-ensemble sous l’Arche de la Défense, avec des masques sur les visages pendant la pandémie. Ce titre provient du théologien afro-américain James Cone qui exprimait son rêve d'une société radicalement diverse.
A chaque exposition (c’est ma 35 ème en 20 ans), j’aime rappeler l’étymologie grecque de « photographier » : écrire avec la lumière. Ma photographie est une écriture qui met en lumière l’humanité des gens, une humanité que je vois au-delà de la couleur.
Finalement, puisque "l'humanité au-delà de la couleur" voyagera dans nos églises épiscopales de Paris et de Florence, nous pourrions citer le prophète Amos (5:24) dans l’Ancien Testament: « Que la droiture jaillisse comme un courant d’eau, et la justice comme un torrent qui ne tarit jamais».
Sabine Jaccard
Photographe