“Water and Dreams” / “L'eau et les rêves”
Sabine’s eye transforms and transcends. This is a constant feature of her photos, deliberately inscribed in black and white for years.
Projected onto the ordinary spectacle of life, her imagination performs a miraculous diffraction of reality which projects us beyond what our eyes can see.
Here, Sabine transforms water into fire, into exuberant jungles, into phantasmagorical shapes, or into comets’ tails…leaving us free to interpret what we see.
In those chosen scenes and in those moments stolen to time, then fixed for ever in this new truth, children metamorphose into pure joy. They are a dance; they are a game; they are a scream; they are childhood. They are simply themselves in the superlative.
When she slips into a crowd with her camera, or sneaks discreetly right into life’s games, Sabine immerses herself body and soul in photography. When you follow her, you realize how acute her eyes are and how they show an extreme tension, even an anticipating power; this incites you to remain silent. That is why one can feel in her photos the will and strength to see clearly through the surface of the mirror that reality holds up to us. As well as her ability to look on the world with benevolence.
It is difficult to write about her photos without speaking about Shakespeare, who has nourished her with his plays, to such an extent that she borrows from his comedy “As you like it” the title of one of her most recent exhibitions: “All the world’s a stage”.
The sets, like the roles, are infinite, but “what the photographer reproduces infinitely takes place only once”, as the French art historian Roland Barthes very justly observed. Still, the artist must be there, immobilized by the dazzling site and yet able to recreate it in a different dimension.
Sabine’s art has something magical. At the end of those little miracles, it is for the spectator’s eye to play the final act!
Cookie Allez (author and writer)
Translation by Sabine Jaccard (photographer)
L’œil de Sabine Jaccard transforme, transcende. C’est une constante de son œuvre, délibérément inscrite en noir sur blanc depuis des années.
Projetée sur le spectacle ordinaire de la vie, son imagination accomplit une miraculeuse diffraction de la réalité qui nous projette au-delà de ce que nos yeux voient.
Ici, Sabine transforme l’eau en feu, en jungles exubérantes, en figures fantasmagoriques, ou en chevelures de comètes… laissant chacun libre d’interpréter ce qu’il voit. Dans ces décors choisis et dans ces instants volés au temps, puis fixés à jamais dans une nouvelle vérité, les enfants se métamorphosent en joie pure. Ils sont la danse ; ils sont le jeu ; ils sont le cri ; ils sont l’enfance. Ils sont eux-mêmes au superlatif, tout simplement.
Lorsqu’elle se glisse avec son objectif dans une foule, ou s’immisce discrètement au beau milieu des jeux de la vie, Sabine s’immerge elle-même corps et âme, dans l’acte de photographier. Il suffit de l’avoir suivie pour savoir que l’acuité, l’extrême tension, et l’on pourrait dire la puissance anticipatrice, de son regard, incitent à garder le silence. C’est pourquoi l’on sent dans ses images, la volonté et la force de voir clairement à travers la surface des miroirs que nous tend la réalité. Tout comme celles de regarder ce monde avec bienveillance.
Il est difficile de parler de son œuvre sans évoquer Shakespeare qui l’a nourrie de son théâtre, au point qu’elle a emprunté à sa comédie As you like it le titre de l’une de ses dernières expositions : All the world’s a stage.
Et dans ce monde, les décors, comme les rôles, sont infinis… Pourtant, « ce que le photographe reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois », comme l’écrit si justement Roland Barthes. Encore faut-il que l’artiste soit là, immobilisé par l’éblouissement et capable de le recréer dans une autre dimension.
Il y a dans l’art de Sabine quelque chose de cette magie. Au bout de cette chaîne de petits miracles, c’est à l’œil du spectateur de jouer le dernier acte !
Cookie Allez, écrivain